Activités de recherche

Synthèse

Mon travail de recherche s’inscrit dans une histoire sociale et institutionnelle de l’art au xixe siècle. Il s’attache notamment à défaire certains des mythes qui persistent dans l’historiographie canonique de cette période, et en particulier l’opposition de principe et teintée d’hostilité entre institutions conservatrices et initiatives innovantes, entre suiveurs dociles des préceptes académiques et créateurs originaux, entre production consensuelle et conventionnelle et création artistique moderne.  

Dès mes deux mémoires de recherche soutenus en Master, mes recherches ont tenté de mettre en rapport la production artistique et les parcours des artistes avec les contextes culturels, sociaux et économiques. Cette ambition s’est accrue avec ma thèse de doctorat, qui portait sur le système de récompenses en vigueur au Salon entre 1848 et 1880. J’y ai reconstitué l’histoire de la médaille, les modalités précises de leur attribution, les critères de nomination des membres du jury de récompense et la manière dont ce signe de reconnaissance s’articule avec d’autres signes institutionnels – le Prix de Rome, les distinctions de la Légion d’honneur, mais aussi l’obtention de commandes ou d’acquisitions par l’État – ou plus informels – l’attention des critiques d’art, la faveur des marchands ou des amateurs d’art. L’analyse de la valeur, à la fois économique et symbolique, associée à la médaille et de l’effet réel qu’elle avait sur les carrières et réputations artistiques a, de façon complémentaire, pris la forme d’une prosopographie des 619 artistes ayant obtenu une médaille au Salon entre 1848 et 1880 dans la section « Peinture ». L’approche quantitative adoptée, qui s’appuyait sur des traitements statistiques et des outils numériques, permettait ainsi de faire émerger les grandes tendances qui structurent le système institutionnel de l’art au xixe siècle, et en particulier la perte progressive d’autorité de certaines instances – l’Académie des beaux-arts – au profit de nouvelles – les critiques, le marché. Elle permettait aussi, malgré le faible nombre d’œuvres effectivement retrouvées et documentées, de tordre le cou à l’idée d’un jury conservateur, qui ne favorise qu’un type de peinture, et montrait au contraire l’extraordinaire diversité des œuvres primées, en termes de genre, de style ou de sujets.

Actuellement, mes recherches se poursuivent sur l’histoire du Salon et, plus largement, sur le système institutionnel de l’art au xixe siècle et sur les carrières artistiques. La richesse d’archives encore inédites et la diversité des problématiques à soulever me confortent ainsi sur l’intérêt de poursuivre ce chantier, ainsi que sur la fertilité du recours aux méthodes quantitatives et computationnelles pour mener ce chantier (voir « Projets scientifiques » p. 15-18).

Thèmes de recherche

Histoire de l’art au XIXe siècle

  • Histoire sociale de l’art au XIXe siècle
  • Histoire des expositions artistiques

Histoire institutionnelle du Salon au XIXe siècle

Histoire du marché de l’art au XIXe siècle

Humanités numériques

Laboratoires, équipes et groupes de recherche

  • Chercheuse associée à l’InTRu (Interactions, Transferts, Ruptures artistiques et culturelles), Équipe d’accueil n° 630, université de Tours
  • Membre du Réseau Thématique 27 « Sociologie des intelectuel·les et de l’expertise » de l’Association française de Sociologie
  • Membre de la SERD (Société des Études Romantiques et Dix-neuvièmistes »

Réalisations

Juillet 2023-présent : Membre du Réseau thématique 27 « Sociologie des intellectuel⸱les et de l’expertise » de l’Association Française de Sociologie
Création et édition du carnet Hypothèses du RT27 : https://rt27.hypotheses.org/

Juin 2023-présent : Membre du comité scientifique de l’exposition Ibels, un Nabi engagé (Saint-Germain-en-Laye, musée Maurice Denis, novembre 2025-janvier 2026).

Octobre 2016-Septembre 2020 : Contribution scientifique, Institut national d’histoire de l’art.
Chargée d’études et de recherche (contrat doctoral) pour le programme « Archives audiovisuelles de l’art contemporain », sous la direction d’Elitza Dulguerova puis pour le programme « La Bibliothèque d'art et d'archéologie de Jacques Doucet : corpus, savoirs et réseaux », sous la direction de Pascale Cugy et Marie-Anne Sarda.
Membre du comité de pilotage pour la montée de version d’AGORHA, méta-base de données de l’INHA.

Septembre 2016-Mai 2017 : Contributions pour la base Bibliographies de critiques d’art francophones.
Édition de fiches bibliographiques sur le critique d’art Edmond Duranty dans le cadre du programme « Critiques d’art francophones » du Labex CAP.

Octobre 2014-Mai 2015 : Contribution scientifique, Musée d’Orsay.
Rédaction d’un lexique iconographique avec Isolde Pludermacher, conservatrice peinture du Musée d’Orsay et co-commissaire de l’exposition Splendeurs et misères (Paris, Musée d’Orsay, 22 septembre 2015-17 janvier 2016) ;
Rédaction d’un article pour la revue de l’exposition.

Juin-Septembre 2014 : Stage au service de la Conservation du Musée d’Orsay.

Janvier-Mars 2012 : Stage au service de la Documentation du Musée d’Orsay.

Travaux académiques

2015-2022 : Thèse de doctorat : « Les peintres de Salon et le succès. Réputations, carrières et reconnaissance artistique après 1848 »

Préparée à l’université de Tours sous la direction de France Nerlich et Séverine Sofio ; soutenue le 8 février 2022.

Jury :

  • Mme Stéphanie Sauget, professeure, université de Tours, présidente ;
  • M. Alain Bonnet, professeur, université de Bourgogne, rapporteur ;
  • Mme Béatrice Joyeux-Prunel, professeure ordinaire, université de Genève, rapporteuse ;
  • Mme Isolde Pludermacher, conservatrice en chef du patrimoine, musée d’Orsay ;

La thèse interroge les diverses voies menant au succès artistique dans la seconde moitié du xixe siècle. À cette période, la perte d’autorité d’anciens acteurs (l’Académie des beaux-arts en particulier) et la montée en légitimité de nouveaux entraîne en effet une reconfiguration du système institutionnel de l’art. La première partie analyse ainsi ce qui fonde l’autorité des deux principales instances de reconnaissance au Salon (le jury et les critiques d’art) et sur leur articulation. La seconde partie s’appuie sur une analyse des carrières et des réputations des 619 artistes ayant obtenu une médaille de la section « Peinture » au Salon entre 1848 et 1880. Entre analyses quantitatives et études de cas, celle-ci dessine des typologies de succès en fonction des genres pratiqués par les peintres médaillés. La thèse montre ainsi comment coexistent de multiples modalités d’appréciation de l’art, ce qui explique le succès simultané d’œuvres d’une grande diversité stylistique et thématique.

2013-2014 : Mémoire de recherche : « Rolla et la prostituée nue. Un motif iconique (1876-1879) »

Préparée à Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction d’Emmanuel Pernoud ; soutenue devant Emmanuel Pernoud et Catherine Méneux (17/20).

Dans ce mémoire, je me suis intéressée, à partir du cas paradigmatique du Rolla peint par Henri Gervex en 1878, à la constitution, au développement et à la circulation du motif de la prostituée nue dans le dernier quart du xixe siècle. Le but était notamment de comprendre pourquoi ce motif a été si central dans l’imaginaire et l’imagerie que développaient alors les peintres de la modernité, et sa résonnance avec des problématiques sociales, culturelles et politiques contemporaines.

2012-2013 : Mémoire de recherche : « Henri-Gabriel Ibels : un promeneur engagé »

Préparée à Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Catherine Méneux ; soutenue devant Emmanuel Pernoud et Catherine Méneux (18/20).

Dans ce premier travail de recherche, je me suis concentrée sur la figure méconnue du peintre et graveur Henri-Gabriel Ibels, membre fondateur des nabis et anarchiste convaincu. Le but, à partir de ce cas d’étude, était d’interroger les articulations entre enjeux artistiques de la fin du xixe siècle, autour des mouvements postimpressionnistes, et préoccupations politiques, et la manière dont un certain nombre de motifs, d’interrogations et de figures (picturales et/ou rhétoriques) circulait et était retranscrit d’un milieu à l’autre.